Aboubakry N’diaye – Publié le 05.02.2022, 20h05
180 élus (gauche, droite, centre) ont signé une tribune et réalisé un clip pour dire non à la banalisation du mal dans le débat public. Ils sont tous membres de l’association des élus de France présidée par Driss Ettazaoui, maire-adjoint et conseiller communautaire à Evreux mais aussi président du MoDem de l’Eure.
Ci-dessous la tribune et le clip vidéo :
« Le printemps n’est plus républicain et l’hiver arrive…
Mon pays va mal. Ma société va craquer… Alors que nous traversons deux années de crise sanitaire, sociale, économique, écologique ; alors que nous peinons à retrouver confiance en l’avenir ; alors que la solidarité n’a jamais été aussi nécessaire entre toutes et tous ; comment peut-on se laisser entrainer dans des débats nauséeux sur la légitimité de tel ou tel prénom ; sur la définition xénophobe, exclusive, rabougrie du statut de français ? Comment peut-on accepter la remise en cause de notre histoire éclairée et universaliste ? Comment peu à peu, les identitaires ont pris le contrôle du débat public dans le silence assourdissant des humanistes ?
Qu’ils soient journalistes, intellectuels, ou encore artistes, les grandes voix sont encore trop absentes ou inaudibles. Pourtant, le danger est réel tant le grand remplacement est celui des idées humanistes et émancipatrices par les idées suprématistes et xénophobes comme le souligne si justement Edgar Morin.
Les prises de positions apparaissent bien tièdes face à l’ampleur du phénomène. Il arrive même, comble du désarroi, que certaines emboîtent le pas des populistes. Ceux-là même à qui l’on tend, souvent, un micro ou une plume, parfois même avec complaisance. L’un d’entre eux a pourtant été condamné pour incitation à la haine raciale. Normal, les voix qui s’élèvent ne font pas le « Buzz » des chaines d’infos. Elles ne suffisent pas à rétablir toujours la vérité ; à reprendre la main sur les réelles préoccupations des français ; à redonner du sens aux lumières et à l’histoire de la république. Elles s’égosillent dans une quasi-indifférence troublante. Alors que la fachosphère, de son côté, s’agite, polémique, épingle, calomnie, disqualifie, et divise… Avec frénésie, elle distille le venin du soupçon jusqu’à paralyser la moindre bienveillance. La vérité ne les intéresse pas. Elle est le plus souvent bafouée puis sacrifiée sur l’autel de pensée unique. Le régime de terreur d’une minorité, dénuée de sentiments, s’organise en particulier sur les réseaux sociaux qui lui offre une caisse de résonance. Haineuse de l’autre et nostalgique d’un temps qui n’est plus, c’est derrière un écran que ses idées progressent et irriguent l’esprit de nos concitoyens. Doucement mais sûrement… Le printemps n’est plus républicain et l’hiver arrive ….
Aussi, les forces vives de notre pays, démocrates et progressistes, doivent s’engager davantage et avec force. Dire à nos concitoyens à quel point cette dérive dangereuse ne saurait nous entrainer plus avant dans le populisme, la démagogie, le racisme, le rejet de l’autre et en particulier de l’étranger. Nous ne pouvons accepter la banalisation du mal et de ses mots.
Nous sommes les élus du quotidien, en proximité avec nos concitoyens. Nous sommes engagés au service de nos territoires. Sur le front républicain, nous sommes les premiers de tranchées face aux attaques répétées contre nos valeurs et nos principes, humanistes, universalistes. Nous sommes engagés pour dire, alerter, dénoncer quel qu’en soit le coût…C’est notre responsabilité devant nos administrés et devant l’histoire.
La mobilisation des politiques publiques, la lutte contre les discriminations, le combat contre le racisme, l’homophobie et l’antisémitisme, mais aussi nos luttes pour l’égalité, la justice sociale, tout cela serait remis en cause au profit de la haine de l’autre, de la stigmatisation et du rejet ? Ce n’est pas l’idée que nous avons de la France. Ce n’est pas l’esprit qui fonde la grandeur de notre pays. C’est encore moins son âme et son pouls. Sauf à se résigner et regarder s’écrouler, par petits morceaux, le pacte républicain apposé sur les frontons de nos mairies et de nos écoles. Alors, il n’y aurait plus ni liberté, ni égalité, ni fraternité. Seulement des ruines, des larmes et de la peur.
Nous sommes la petite république dans la grande ! »
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